mardi 26 mai 2009

Glaire obscure

Les fans sont des gens dangereux, fous et tout-puissants.

Et quand ils ont trop de temps libre, ils font des trucs comme ça :



Meilleur moyen de me vendre n'importe quel concept, n'importe quoi : mettre Nathan Fillion dedans. Oué, même du cassoulet à la fraise, si y'a Nathan Fillion dedans, j'achète.

(Sérieux, je porte pas Green Lantern dans mon coeur, et puis c'est même pas un super-héros, c'est juste une secte de neuneus de l'espace; eh oui, même un kouign amann peut devenir un Green Lantern s'il veut - bref, c'est nul. Mais CE film-LÀ, j'aurais été le voir QUINZE FOIS de suite). Il se trouve que c'est officiel, le film va vraiment se faire, mais... pas avec Nathan chéri. IT SUCKS.

Et sinon, le film qui suit ne risque pas de se faire (ou alors ça m'étonnerait vraiment beaucoup), mais chapeau aux fans enragés qui ont pondu ce truc dantesque :



Oué, les Cosmocats ça pue comme série, mais je trouve les design ont gardé un certain charme encore aujourd'hui (F... Félibeeeeeeelle!!! (;0;)/), et puis Brad Pitt en Starlion, j'achète. Bon, j'achète Vin aussi, parce que Vin, quoi.

Et pour achever de se convaincre, on se retape encore un coup du générique du dessin animé, qui est un peu le meilleur générique ultime qui poutre sa mère de tous les temps (faut dire, tout le budget y est passé, et après les animateurs japonais de ouf se sont barrés, la sueur au front et la mine satisfaite d'avoir produit cette tuerie, laissant les ricains se débrouiller avec le reste de la série parce que faut pas déconner non plus, la fête du slip faut pas s'y croire tous les jours) :

mardi 19 mai 2009

Mieux connaître, comprendre et cuisiner son dessinateur

J'ai bossé un certain temps dans une maison d'édition de bandes dessinées, où je devais entre autres rédiger des biographies d'auteurs. Pour ce faire, il fallait que je les appelle ou leur envoie un mail en leur posant des questions, quel est votre parcours (en général, seules deux solutions possibles, soit : j'ai toujours voulu toute ma vie faire ça et j'ai fait des études d'art, soit : je suis tombé dedans par hasard au détour d'un chemin parce que faut dire qu'à la base j'ai un DEUG de Physique-Chimie), quelle est votre source d'inspiration, votre couleur préférée, slip ou caleçon, blablabla.

Une des questions qui me paraissaient vraiment importantes était : "comment avez-vous travaillé en collaboration avec votre dessinateur/scénariste?".

En général, on me répondait "par mail". La plupart ne s'étaient rencontrés qu'une fois dans leur vie, au cours d'un festival, et puis roule ma poule. Ou alors ils ne s'étaient absolument jamais rencontrés et parfois même ne parlaient pas la même langue, alors ils s'échangeaient des mails en Babel Fish.

Srsly, wtf, dudes.

Aujourd'hui je n'arrive même pas à concevoir comment c'est possible.
Evidemment, chaque scénariste BD bosse différemment et je ne suis personne pour donner des conseils, mais j'ai une amie en ce moment qui va se lancer dans cette fabuleuse aventure qu'est le scénario de bande dessinée, et je commence à considérer ce blog "pro" comme mon Lettres à un Jeune Poète, sauf que je ne suis pas un autrichien gay.

...du XIXème siècle. Pas un autrichien gay du XIXème siècle.

C'est mieux.

Bref, les blagues avec les photos à la con trouvées sur Google Images mises à part, vous, jeunes auteurs de bédé en herbe, tendez l'oreille des yeux : je vous en conjure, bossez avec vos dessinateurs. Rencontrez-les, sympathisez, rencontrez-vous encore, parlez de l'oeuvre, trouvez un souffle commun et pondez quelque chose de vraiment bien de cette façon.
Là je parle en tant que scénariste : la personne en face, qui tient le crayon, est un être humain sentient. Pas une machine bien pratique dans laquelle on insère une feuille de scénar, et hop, y'a la planche qui correspond qui en sort. J'ai remarqué, en observant un peu le milieu, qu'on considérait trop souvent les dessinateurs comme des "faiseurs de pages", et que le "cerveau" du tandem était le scénariste. Cela vient sans doute de la tendance très française qui date des années 70 à vouloir absolument un "Auteur" unique ou du moins prépondérant sur chaque Oeuvre.

Pour moi, ça n'a rien à voir avec Krang et Shredder, c'est pas une histoire de cerveau et de sous-fifre exécutant.

-"Krang, j'ai lu ton scénario, là, et franchement, des tortues mutantes élevées par un rat géant maître de kung-fu dans les égoûts, perso, je trouve ça un peu capillo-tracté. -Ta gueule Shredder et fais-moi ces putains de planches!"

Scénaristes, votre dessinateur a énormément à vous apprendre. D'accord, c'est votre histoire, c'est votre scénar, vous avez des trucs à dire; vous tenez à ça, vous voulez garder le contrôle sur votre bébé en plantant vos ongles dedans. C'est normal.
Mais croyez-moi, ce qui risque de sortir de là au final aura beaucoup plus d'impact si vous faites taire Gollum en vous et laissez votre dessinateur exprimer aussi son opinion sur la chose. (et ne vous inquiétez pas, ça ne va pas non plus amoindrir votre rôle et vous faire vous sentir inutile)
Evidemment, je ne dis pas de tout céder et d'accepter la moindre de ses idées; si vous avez une vision, vous devez vous y tenir sans l'abâtardir ou aller dans tous les sens, mais votre dessinateur peut beaucoup contribuer à cette même vision, si vous arrivez à lui faire partager, à le convaincre que l'histoire dans laquelle vous l'embarquez sera la meilleure possible, et vous pourrez construire quelque chose ensemble.

Ça ressemble beaucoup à une demande en mariage, hein?

Au final, c'est un peu ce que c'est. Raconter une histoire pour moi est quelque chose d'extrêmement intime et puissant. La raconter à deux demande de faire confiance à l'autre personne et surtout de partager un certain esprit commun, sans parler d'un équilibre des forces. Si la métaphore du mariage vous semble un peu trop déviante, voyez-le comme... des partenaires de catch, disons.

Pas sûr que ça soit moins déviant, finalement.

Mon expérience de scénariste a commencé quand on a monté le projet Kama avec Nephyla : pendant trois ans (TROIS), elle est venue chez moi, nous en avons discuté longuement, débattu, avons eu des accrochages, des fulgurances... au final nous en sommes toutes deux venues à vouloir défendre ce projet à la vie à la mort.
Evidemment, je ne pourrais jamais repasser trois ans rien que sur l'élaboration d'un seul projet de BD, mais ça m'a appris à vraiment travailler avec une autre personne, parfois à la comprendre et parfois à la convaincre - et si c'était à refaire, je le referais sans sourciller.
Je crois aussi très fort qu'il faut proposer la bonne histoire au bon dessinateur. Virtuellement, un bon dessinateur peut tout dessiner, mais il ne sera jamais aussi excellent qu'en travaillant sur quelque chose qu'il aime et qui le fait personnellement tripper. Et pour découvrir ce qui fait bouger son monde, parlez, parlez, parlez. On a tendance à dire, dans ce métier, que si on l'a choisi, c'est pour pas avoir à s'emmerder avec d'autres gens; dans une certaine mesure, c'est vrai, c'est un boulot de vieux loup solitaire (les moins indulgents diraient : "d'autiste").
Mais dans les faits, il faut savoir communiquer. C'est la base même de ce qu'on fait, en tant que conteur. Alors même si vous êtes pas doué pour ça (communiquer, je veux dire), ben faut apprendre.
Faute de quoi il y a de fortes chances pour que vous vous retrouviez avec une oeuvre schizophrène, avec vous qui racontez votre truc tout seul dans votre coin, un dessinateur peu concerné, et une histoire qui n'aura pas atteint toute sa potentialité parce qu'au sein de votre tandem, vous ne vous serez pas poussés l'un l'autre jusqu'au maximum de vos capacités.

Hop, et un billet exagérément épique et plein de bons sentiments, un!


P.S. : Si vous vous interrogez sur le titre de ce billet qui peut effectivement paraître bizarre aux non-initiés, sachez simplement que c'est en hommage à un site très drôle qui aujourd'hui n'existe plus : "Mieux connaître, comprendre et cuisiner son chat", par l'excellent Renaud Amevet, un monsieur avec qui j'avais eu un long échange de mails, dans mon jeune temps.
Quelques extraits ont été sauvés des limbes de l'Internet par les fans : vous pouvez les lire ici et , si ça vous intrigue. Lisez aussi "A Tribute to Renaud Amevet" tant que vous y êtes, qui réunit quelques autres textes drôlatiques rescapés du site perso du bonhomme.

vendredi 15 mai 2009

Pimp my geek

"'Agad, 'agad, j'arrive à le faire sans mon écarteur de doigts!"
(Ce gland de Gégé Abrams)

"Geek" le magazine est dans les kiosques depuis aujourd'hui, même que cette fois j'ai pas eu à me taper une grosse teuhon pour l'obtenir.

Petite anecdote : mon estimé colloc m'avait parlé de la sortie de ce mag, prévue pour mi-avril, en principe.

Le 28 avril, donc, je sors de la fac, il fait beau, et je décide de me le procurer, parce que je suis comme ça, moi, je lis des magazines et tout.

Tout de suite donc, retranscription de cette expérience mystique :


1er essai (kiosque à journaux, vendeur qui a la cinquantaine) :


-"Bonjour, vous avez un magazine qui s'appelle... hurm... "Geek"?

-QUOI?

-"GEEK".

-GUIQUE? *air consterné*

-Ça s'épelle G.E.E.K.

-Ça parle de quoi?

-Euh. Les euh, fans d'informatique, de... de culture... populaire...?"


FAIL

2ème essai (relais presse, vendeur qui a la vingtaine) :

-"Bonjour, vous avez un magazine qui s'apelle "Geek", ça s'épelle G.E.E.K.?

-GEEK G.E.E.K.? O______O

-Enfin ça s'épelle comme ça, oui.

-Ça parle de jeux vidéos? Avec Street Fighter en couverture?

-Euh, non. Enfin, ça parle de jeux vidéos, mais aussi de... de passionnés d'informatique, euh (gnnnn je vais pas m'en sortir)...

-GEEK G.E.E.K.? é____ê

-Enfin ça s'épelle comme ça, oui. (boucle temporelle, 'chier)

-Y'a quoi en couverture?

-JJ Abr... euh, Le créateur de... "Lost"?

-*regard torve*

-Un type qui fait ça

*salut vulcain*

en couverture.

-Euh, nan. Nan parce qu'on avait eu le choix entre deux magazines, celui avec Street Fighter...

-IG magazine?

-Oui, donc y'avait celui-là et l'autre, mais on a pris celui avec Street Fighter parce qu'on savait que ça allait vendre."


EPIC FAIL parce que le vendeur m'a extorqué un salut vulcain sans que j'obtienne quoi que ce soit.

Bon, la blague finale c'est que en fait il était pas sorti.

Mais maintenant c'est bon, je l'ai lu, et c'est plutôt classe, fourni et documenté; j'ai beaucoup apprécié que dans l'édito ils disent d'emblée qu'ils se refuseront à expliquer ce qu'est un geek (ouf!).
Et puis ils ont cité Oz dans l'article sur les loups-garous (ouééééé!!).
Et puis en fait c'est l'adaptation française d'une licence de magazine américain, qui a déjà eu le fabulous Nathan Fillion (aussi connu sous le nom de "le futur père de mes enfants") en couverture

Nathan Fillion : tu ne perds rien pour attendre, mon nounours choupinet d'amour ! Graouh !
("Castle" c'est nul, sinon, même si Nathan c'est le plus bô.)

C'est donc complètement approuvé par moi, même si "Geek le mag", ça me rappelle évidemment quelque chose.