Car voilà, qui dit Sherlock Holmes dit au moins trois choses, dans l'imaginaire populaire: le deerstalker hat, la pipe et la loupe. N'importe qui vous reconnaîtrait en tant que Sherlock Holmes même si votre déguisement ne se composait que de ces trois accessoires. On peut d'ailleurs dire sans trop se tromper que c'est la définition même d' "iconique".




C'est bon, vous reconnaissez, tout le monde suit? Bon, on continue.
Sherlock: le chara-design
Il existe un épisode pilote de Sherlock d'une durée de 30 minutes qui n'a pas été diffusé à la télévision, mais a été inclus dans le DVD de la saison 1. Cet épisode était sensé convaincre la BBC de financer le reste de la série; les producteurs ont cependant été suffisamment fins pour demander à Moffat et Gatiss de refaire l'épisode, mais en changeant le format à 90 minutes, et en leur donnant beaucoup plus de sousous.
On peut voir dans cet épisode pilote une sorte de "brouillon" du premier épisode diffusé de la série, A Study In Pink. On y constate que le personnage de John Watson ne changera pratiquement pas par la suite, que ce soit dans la personnalité ou le style vestimentaire; celui de Sherlock Holmes subira par contre quelques aménagements, on peut même parler d'un véritable "chara-design".
La coupe de cheveux:






Le style vestimentaire
Là non plus, pas très au point dans le pilote. Sherlock y porte entre autres des jeans

Ça ne contribue pas exactement à rendre le personnage super classe; ça le rendrait même plutôt commun, à vrai dire.
Dans les épisodes officiels de la série, Sherlock gagne des chemises impeccablement coupées -- Dolce & Gabbana, rien que ça -- aux couleurs (beaucoup plus) flatteuses, qui mettent en valeur son teint de porcelaine -- souvenez-vous de l'aubergine shirt of pure sex:
Au col perpétuellement déboutonné, raccord, encore une fois, avec le côté romantique/poète en vadrouille. Et on ne le verra jamais sans costard (Spencer Hart s'il vous plaît), sauf en période de relâche comme ci-dessous, lorsqu'il n'a pas de criminels à traquer (à son grand désarroi):


De l'épisode pilote, il garde uniquement le désormais légendaire et très seyant Belstaff (je reviens sur ce merveilleux manteau un petit peu plus bas), mais ici agrémenté d'une écharpe indigo, flatteuse elle aussi, et présente dans tous les fanarts concernant le personnage:

Comme le dit si bien cette icône trouvée sur Livejournal (difficile de faire plus iconique qu'une icône):

Le Belstaff vintage: le manteau, la légende
Mi-cape de Batman, mi-costume de magicien qui flappe-flappe de façon théâtrale derrière lui où qu'il aille -- et dieu sait que Sherlock ne dit pas non à tout ce qui est théâtral -- le manteau de Sherlock est devenu une véritable légende et a défrayé la chronique en Angleterre, de GQ magazine à The Independent en passant par le Guardian, tout le monde en aura parlé, tout en consacrant dans leurs colonnes l'expression "Sherlock chic".

Depuis, la maison Belstaff, pas stupide et flairant la bonne affaire, a ressorti un manteau à peu près similaire pour sa collection automne/hiver. Ainsi les fans et les fashionista peuvent faire l'acquisition de leur propre "Sherlock coat" pour la coquette somme de 1 350 livres sterling -- somme qui ne décourage pourtant pas grand monde, apparemment, puisque la rumeur veut qu'à peine le premier épisode diffusé, une liste d'attente impressionnante était déjà dressée.
Et le Milford a tellement séduit dans le fandom qu'il a même eu droit à sa propre fanvid; sans aucun doute la seule fanvid au monde qui pose les bases d'un genre pornographique nouveau, le Coat Porn:
http://humansrsuperior.livejournal.com/159351.html
Les accessoires
Les accessoires font aussi l'icône. Je le disais plus haut, la version canonique a rendu l'image populaire de Sherlock Holmes indissociable de sa célèbre loupe de détective; aussi la version BBC lui rend-t-elle hommage avec cette petite loupe de poche, plus discrète mais tout aussi efficace:
De son ancêtre victorien, Sherlock a hérité également du Stradivarius
Jusque là, rien que de très conventionnel, mais la petite touche en plus de Gatiss et Moffat aura été de pourvoir le personnage, dès sa scène d'introduction, d'une cravache qui sera par la suite à la base de bien des fanfictions, voyez plutôt:

Pas de Roméo sans sa Juliette, pas de Tristan sans sa Yseult, pas de Sherlock sans son John.
Et si le fandom s'est pris d'amour pour le "Sherlock chic", elles fondent toutes face au style vestimentaire câlin de Watson version BBC. Vous ne verrez guère de fanarts du personnage qui ne comportent soit le célèbre "cable-knit oatmeal-coloured jumper" (pull à grosses mailles couleur porridge )


Ou le plus célèbre encore "stripy jumper", le pull à rayures noires et blanches façon maillot de rugby traditionnel


On ne peut pas dire que cela en révèle beaucoup sur la personnalité du bon docteur, à part peut-être le chapeau melon qui peut laisser penser à un caractère un peu conservateur, faisant de Watson l'incarnation du cliché d'Anglais par excellence.
Dans la version BBC, foin de moustache victorienne ou de bowler hat: on lui donne une coupe de cheveux militaire, des vêtements de petit vieux, un peu usés, aux couleurs ternes, qui trahissent chez le personnage un certain côté désabusé autant qu'un sens pratique marqué. Contrairement à Sherlock, John n'est pas là pour faire joli. Et s'il provoque des envies effrénées de câlins chez les fangirls avec son apparence de vieux nounours abandonné dans une décharge, eh bien, personne ne s'en plaindra.
John a aussi droit à ses accessoires, dès sa scène d'introduction:

Un mug portant le symbole de la RAMC, le corps médical de l'armée royale, posé à côté de la pomme illustrant le proverbe anglais "An apple a day keeps the doctor away" -- "une pomme par jour éloigne le médecin" (proverbe que Winston Churchill complétait par "...à condition que l'on vise bien." haaaahahaha); ainsi, résumés sous nos yeux, nous avons là le passé militaire de John, ainsi que son statut de docteur, souligné par la pomme, symbole de son conservatisme, son côté traditionnel (puisqu'il suit un adage populaire à la lettre) en même temps qu'un certain souci automatique de sa santé, presque par réflexe: il mange une pomme non par goût mais par devoir. Il s'agit là, de toute évidence, d'une vieille habitude dont il ne peut se défaire.
Pour clore en beauté ce petit chapitre sur John Watson, je vous propose une mini-rétrospective de quelques-unes des tenues qu'il arbore dans la série sous le coup de stylet de l'immense Polly Guo:
http://pollums.livejournal.com/144915.html
Secondaire, peut-être, mais stylé quand même
Le propre frère de Sherlock Holmes ne pouvait décemment pas échapper à ce souci de caractérisation par l'élégance, qui est décidément un des points forts de la série. Ainsi Mycroft Holmes, dont Sherlock dit qu'il incarne le gouvernement britannique à lui tout seul, porte des trois-pièces en tweed et ne se sépare pas de son "brolly", le parapluie qu'on croirait sorti tout droit de Chapeau Melon et Bottes de Cuir:

Ç'aurait dû suffire à poser le personnage de Mycroft en tant que pur produit anglais AOC, mais la facétieuse costumière de la série, Sarah Arthur, ne s'est pas arrêtée là, jugez plutôt (et cliquez pour voir en plus grand):

Des parapluies jusque sur la cravate. Ça c'est du souci du détail ou je ne m'y connais pas!
Ainsi se conclut (pour de bon cette fois) mon exposé sur la mode masculine à travers ce petit supplément sur Sherlock, j'espère que ça vous a plu.
Et n'oublions pas le plus important: tous ces vêtements, c'est cool, c'est stylé, c'est très bien, mais le mieux, c'est encore quand ces messieurs les enlèvent...!